mercredi 8 janvier 2014

S-21

En transit à Phnom Penh avant de remonter vers le nord pour regagner le Laos, je me décide à visiter Tuol  Sleng. Il s'agit d'un ancien lycée transformé en camp de torture par les khmers rouges qui l'avaient baptisé S-21. Ce lieu se visite aujourd'hui, pour témoigner de l'atrocité des crimes commis par les khmers rouges. Bien sûr nous n'emmenons pas les enfants, donc je m'y rends seule.

La visite est dure, on est frappés par la banalité des lieux : des salles de classe, des longs couloirs, des cours de récréation. 


Dans les premières salles, rien, sauf un lit en fer et les instruments de torture ainsi qu'une photo de chaque salle telle qu'elle a été trouvée lors de la libération par les vietnamiens. 


D'autres salles sont des lieux d'incarcération, soit collectifs soit des petits box de briques, avec des barbelés aux étages pour empêcher les suicides. 


On peut aussi voir dans d'autres salles des amoncellements des vêtements de prisonniers, des crânes ainsi que des milliers de photos des victimes accrochées en série, hommes, femmes, enfants, jeunes et vieux. Ces alignements donnent à la fois une idée du nombre de personnes exécutées ici, mais témoigne aussi de l'individualité de chacun, ça m'a donné une impression de vertige. Tous les prisonniers étaient photographiées en arrivant, mais les khmers rouges ont aussi pris des photos des victimes après ou pendant la torture, c'est insoutenable. Comment des hommes peuvent ils faire preuve d'autant de cruauté ?

Je sors de là bouleversée, et la petite marche jusqu'à la guesthouse me permet de me remettre avant de retrouver Paul et les enfants.

2 commentaires:

  1. Je comprends ton émotion. Insoutenable est le mot. C'est un lieu que nous avions visité aussi. Notre guide, une femme formidable d'une petite quarantaine, avec laquelle nous nous entendions très bien, nous a demandé, si, exceptionnellement, elle pouvait nous attendre dehors, car lorsqu'elle était obligée d'accompagner des touristes dans ce lieu, elle en ressortait hantée par l'horreur. Elle ne pouvait pas faire face, car dans l'une des salles, il y a une photo de rue "d'avant" avec des enfants. C'était la rue de son enfance. Elle y est aussi. Ils sont tous morts, sauf elle. Elle n'était pas dans Phnom Penh le jour de la rafle. Ce jour là, ses parents et ses frères et soeur ont tous disparus. Pendant tout le séjour dans la ville, elle n'a cessé de prendre soin de maman, de la toucher et de l'embrasser en nous disant à quel point elle était bouleversée d'avoir un contact physique avec une dame âgée, d'une classe d'âge qui avait disparu de sa vie, et aussi du Cambodge. Etrange, poignant, révoltant. Quelle violence …
    J'ai compris (grâce à Guitou, et à la consultation du blog des Vlan) que vous étiez en passe de rentrer, et que les infos du blog étaient en "différé". Ne l'interrompez pas trop vite, on risque une crise de manque.
    On vous embrasse.
    Anne et Denys

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    1. Oui le blog continue encore quelques temps, le temps du sevrage ! bises à vous

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