lundi 28 octobre 2013

Fleurs dans le Mékong

Au retour de Vat Phou, nous profitons d'être sur le Mékong pour rendre un hommage à mes grands-parents paternels. Ils ont été incinérés à Vientiane, et nous avions à l'époque dispersé leurs cendres dans le Mékong.

Un peu mal organisés cette fois-ci, nous achetons donc des fleurs à Vat Phou, sur une idée lumineuse de Luna.



Sur le chemin du retour en bateau, nous jetons dans les fleurs au fil de l'eau en pensant à Papy Henri été Mamyvonne, qui ont beaucoup compté dans ma vie de petite fille. 


Nous avons aussi pensé à mon père et ses frères et sœurs.


Après des années passées au Laos, mes grands-parents ont vécu à Marseille puis dans une maison tout près de chez nous, alors nous étions souvent les uns chez les autres. C'est là que j'ai été bercée par la culture laotienne : la langue, et bien sûr la cuisine, car ma grand-mère était une excellente cuisinière. Haute comme trois pommes (plus petite que moi, c'est dire !), Mamyvonne, toute douce, savait pourtant ce qu'elle voulait. Malgré une trentaine d'années passés en France, je ne l'ai jamais vue porter autre chose qu'un sinh.



Papy Henri était également un personnage. Écolo bien avant l'heure, il recyclait tout, les boîtes de soupes knorr en porte documents, les gants mapa en élastiques. Il ne sortait jamais sans ses tongs ou ses après-skis, selon la saison (et sans transition). Il me racontait toujours les mêmes blagues qu'il découpait dans télé 7 jours et conservait dans des boites de camembert.


Au cours de ce voyage, j'en ai appris davantage sur ce fameux 9 mars 1945 qu'il évoquait chaque année. Comme tous les fonctionnaires français, il a été arrêté ce jour-là par les japonais. Ma grand-mère a donc du fuir jusqu'à Paksé avec ses deux enfants, Michel et Janine, alors qu'elle était enceinte de mon père. Michel m'a raconté ses souvenirs de ce périple, alors qu'il avait l'âge d'Oscar. Ils s'arrêtaient la nuit pour dormir dans des salas et lui avait une peur bleue des tigres, il y en avait encore beaucoup à l'époque. Il ne fallait surtout pas qu'on remarque qu'ils étaient français, alors lui cachait son nez dans sa main pour ne pas se faire repérer.
J'imagine le courage dont elle a du faire preuve, seule avec ses 2 enfants, morte d'inquiétude pour son mari : les japonais exécutaient parfois les prisonniers avec un sabre... De sa captivité, lui n'a jamais rien raconté. Il a été libéré en août  , lors de la capitulation du Japon.

Ils sont revenus finir leurs jours dans leur pays, et sont décédés au début des années 2000.

Merci Papoute pour les photos d'archives.



3 commentaires:

  1. Coucou, les Plop.
    Continuons à vous suivre avec bonheur, mais avec un peu plus d'irrégularité, car nous sommes à Zanzibar, où les connexions @ sont comme le clignotant belge, "Khdem, ma khedemch, comme on disait au Maroc.
    Particulièrement émue de celui d'aujourd'hui, avec les photos de Mamyvonne et de Papy, que j'appelais Papyvore. Plein de souvenirs de Fès, d'une panne dans le désert vers le sud avec eux, alors que nous cherchions à atteindre un improbable bled nommé Sidi Tual, de leur appartement de Marseille et des apéros sur le tambour de bronze, des villas du Soleil…
    Emue aussi du hasard de la date de cet envoi : ce 28 octobre, j'ai soixante ans, et en gros cinq ans et demi dans ma tête. Suis chaque année ravie de vieillir, et si je peux le faire comme eux, c'est cadeau. Vous embrasse. Anne

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    1. Merci Anne pour ces souvenirs émouvants et je te souhaite un joyeux anniversaire. Bon séjour à Zanzibar ! Bises à tous les 2

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  2. Bon anniversaire et bisous, Anne ! De Bucarest à Zanzibar, il y a de quoi créer un sacré blog ! Qu'attends-tu ?

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