jeudi 10 octobre 2013

Pixel art laotien

Où l'on apprend que le tissage n'est en fait pas si loin du pixel art.

Nous nous rendons chez Carole Cassidy, une styliste américaine et son mari Dawit. Elle est absente mais lui nous accueille très gentiment et prend le temps de nous expliquer ce qui se passe ici.





De la soie, rêche ou douce.

Chez Lao textiles, c'est des malins. Exemple : au lieu d'utiliser 2 fils de couleurs différentes pour créer un motif, ils n'en utilisent qu'un seul, bicolore. A ce moment là, la prise de tête a surtout lieu avant le tissage, au moment de la teinte de la soie. C'est déjà à ce moment que se décide le motif. Mais comment font-ils pour teindre la soie de 2 couleurs différentes ? Ça n'a pas l'air compliqué, on "protège" certaines parties du fil (cf ci-dessous, les parties en rose, recouvertes de plastique, ne seront pas teintes).


Sauf qu'en fait, l'espacement et la longueur des segments non-teintés déterminent le motif à venir. Il s'agit donc d'être précis.

Voici le fil teinté


Et le résultat une fois tissé

Il faut caler correctement le démarrage du tissage pour que les motifs soient bien réalisés et lorsque cela est fait, le travail se trouve facilité (presque comme si on tissait sans motif j'imagine, mais j'ai du mal à tout comprendre et une partie de l'explication m'a échappée). Ils sont capables de faire à peu près n'importe quel motif avec cette technique, y compris des formes arrondies. Pour des explications plus justes et plus fournies, voir ikat sur Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ikat

Cette dame tisse des rideaux pour l'émir du Qatar. Elle fait 2 à 5 cm de rideaux par jour et pourtant c'est une des meilleures. Elle a programmé le tissage de son motif au préalable.

Le "template" se situe en dessous du métier à tisser. Bon à vrai je ne sais pas précisément comment elle le crée mais les différentes séquences sont séparées par des baguettes (elle enlève des baguettes quand elle change de séquence).

Le tissage de la soie, c'est coton !

D'adorables bobines !


Pause déjeuner à l'atelier.

Même l'enroulement du fil de soie pour en faire une bobine nécessite de l'application, sinon cela peut provoquer un blocage ou des nœuds au moment du tissage.


Le web site de Lao textiles : http://www.laotextiles.com/

De passage chez Tim quelques jours après, Dawit propose à Luna de choisir une écharpe. Luna est enchantée, Palamy ne dit rien mais elle est verte de jalousie* !  



* même pas mal, puisque Vongkeo a eu la gentillesse de m'offrir un très joli foulard en coton !

2 commentaires:

  1. Très vivant et fort bien illustré, ce petit reportage sur le tissage de la soie. Merci les Plop ! N’oublions pas que la soie est portée quotidiennement, notamment par les femmes : la jupe traditionnelle (Sinh), ainsi que l’écharpe (Pha Bièng), sont généralement en soie. Il est intéressant, à ce sujet, de constater que c’est à l’initiative d’étrangers que le renouveau du tissage est assuré, ici comme en Thaïlande. Dans ce pays, c’est à un Américain, Jim Thomson, que l’on doit la notoriété mondiale du Thai Silk. Ce personnage quasi-légendaire a mystérieusement disparu en Malaisie en 1967, après avoir fondé la fameuse griffe qui porte son nom. Au Laos, c’est Carole Cassidy qui a dynamisé l’art du tissage, à travers la marque Lao Silk, et en s’appuyant sur l’outil informatique. Le travail remarquable de Carole Cassidy respecte tout à fait le graphisme des motifs classiques lao, tout en leur donnant, grâce à l’ordinateur, un design plus moderne. La machine sert à la création des modèles, mais le tissage est réalisé, comme le montrent les photos, selon une méthode et sur des métiers traditionnels. Certes, ces initiatives ne se sont jamais substituées aux tisserands locaux, dont l’activité créatrice n’a jamais cessé. Elles donnent toutefois une dimension internationale et une image très positive à un métier ancestral.

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  2. Nous avons visiter effectivement la maison de Jim Thomsom à Bangok, et ce qui nous a surpris c'est la taille des cocons. Impressionnant !!! Au moins le double des cocons de soie cévenols. A croire que les feuilles de mûrier sont plus nourrissantes là-bas. Ceci mis à part la maison est vraiment magnifique car ce grand voyageur a collecté des meubles et des tentures durant tous ces périples en Asie du Sud Est. Il avait des tentures birmanes tissées en fil de soie et d'or qui racontaient des scènes historiques.( un peu comme notre tapisserie de Bayeux si on peut dire çà) Elles fourmillent de détails. J'ai adoré cet endroit où nous étions quasiment seules, mais je me doute qu'en haute saison touristique la sensation ne doit pas être la même.

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